Frontière Russie-Ukraine: Jamais plus jamais...

Ce matin, en direction de la frontière ukrainienne, nous nous attendions à un de ces fameux moments de galère habituels: zone franche, sorte de no man's land avec douaniers zélés qui se permettent tout, même de vous fouiller au corps pour s'emparer de quelques dollars au passage; ambiance KGB avec son lot de bureaux lugubres, de téléphones couleur orange sale, de lino décollé au sol et d'interrogatoires sans fin; frontière de la langue avec ses formulaires à remplir en cyrillique bien entendu et séries d'incompréhensions qui mènent forcément à rien... On s'attendait à tout donc mais pas à ça...

Comme un écolier studieux, Xav remplit les formulaires. Il regrette de n'avoir pas choisi le russe en LV2.


La sortie de la Russie fut sans souci.




On pensait que l'entrée en Ukraine, qui demande à faire partie de l'UE, serait aisée.

Que nous sommes naïfs!


On pénètre dans la zone ukrainienne, contrôle des passeports puis contrôle de la voiture. Et voilà comment tout commence. Ce qui n'avait pas posé de problème au Kazakhstan puis en Russie devient blocage ici. Impossible de passer avec tout le chargement de la voiture (pièces détachées, matériel photo-vidéo, ordinateur). Pour eux nous voulons entrer dans leur pays avec trop de biens couteux. Si l'on veut passer nous devons payer 300% du montant embarqué... euh! c'est-à-dire que nous n'avons pas 24 000 dollars sur nous... et quand bien même!
Impossible alors de passer! Les douaniers nous demandent de rebrousser chemin et de retourner en Russie. Mais on n'a plus de visa! "Niet" catégorique du côté russe.
La situation devient compliquée... au bout de deux heures d'attente interminable, sous un soleil de plomb, l'inspecteur des douanes ukrainiennes revient passablement énervé par l'histoire avec la solution: l'un de nous n'a qu'à rester ici avec la voiture, l'autre va à Kiev refaire des visas russes. Demain c'est férié mais on devrait avoir les visas en fin de semaine. Visa russe en poche on pourra rebrousser chemin vers la Russie pour essayer de passer en Ukraine à un autre poste frontière 200km plus au nord où ils pourront gérer l'affaire. On reste perplexe devant la proposition... enfin personnellement je fais une crise de nerf (10 jours de route non stop oblige...).
Réunion au sommet des inspecteurs des douanes russes et ukrainiennes. Six fonctionnaires autour de la voiture qui se renvoient la balle en haussant le ton. On se fait tout petit au milieu... Puis ils nous font comprendre que la situation est sans issue et que même s'ils nous laissaient passer en Ukraine, ce qu'ils n'envisagent même pas, on nous refusera le passage en Pologne.
Et c'est là que nous trouvons la faille. Nous les persuadons que nous entrerons facilement en Pologne en prétextant que le PDG de Venturi connaît personnellement le Consul de Pologne en France. Oui mais c'est trop risqué pour eux de nous laisser passer, ils risquent leur place. Peu importe nous leur promettons de leur retrouver un boulot chez Citroën s'ils ont un problème.
Anton, un jeune douanier qui parle un peu anglais nous est d'un grand secours et se montre très compréhensif malgré nos airs de pas contents. Il va même jusqu'à appeler une bonne dizaine de fois une amie ukrainienne qui vit en Corse et qui nous traduira toutes les subtilités de cette situation absurde et rocambolesque. Un grand merci à eux!
Au total, 4H30 de négociations tendues et ardues... pour finalement passer du côté obscur de la force! Nous voilà donc en Ukraine, épuisés.

Heureusement, les premières impressions avec ce pays sont apaisantes. L'ambiance est assez sereine. Petits villages épars, petites isbas fleuries, troupeaux de vaches sur les bords de route, tout est vert et paisible.




Mais l'état des routes nous rappelle amèrement le Kazakhstan...
Enfin, nous trouvons refuge dans une petite pension dans la jolie ville de Sumy. L'accueil de Maxim et de sa femme nous fait tout oublier.

Gé